jeudi 24 janvier 2013

Le prochain café psycho c'est ce soir!!


Parler de l’autisme peut-il faire débat ?

Jeudi 24 janvier à 17h30 en C306


Nous recevrons Alain Gillis. Psychiatre phénoménologue, qui a été médecin-directeur d’un IME pendant plus de 15 ans au cours desquels il a développé une pratique et une théorie originales du packing auprès d’enfants autistes.

« Il est interdit de pratiquer le packing pour soigner les troubles autistiques de l’enfant. On le savait. Il faut savoir aussi qu’il est maintenant interdit d’en parler, d’y réfléchir à haute voix, de se réunir pour en débattre. Le sujet est tabou, l’affaire est classée, on pourra bientôt envisager de brûler les livres. » A. Gillis



 Petit propos introductif:

En mars 2012 la « Haute Autorité » de la Santé publiait ses recommandations de « bonnes pratiques » concernant la prise en charge de l’autisme. Dans ces recommandations, nous pouvions lire, au chapitre des "Interventions globales non consensuelles", que " l’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle". Cette petite formule a eu bien des effets. De nombreuses attaques et menaces contre le professeur Pierre Delion que l’Université Paris 13 a eu le plaisir d’accueillir lors du colloque Actualité des Cliniques Institutionnelles en mars 2012. De nombreuses craintes -souvent non fondées- quant à l’avenir de nos métiers, de nos pratiques et valeurs traversent les lieux de soin dans lesquels nous travaillons ou sommes en stage. Dernièrement, s’appuyant sur ces  "recommandations", une association a pu obtenir d’annuler une intervention se référent à la pratique du packing lors d’un colloque dans une université en menaçant le président de l’université de faire en sorte de lui couper ses financements.
Alain Gillis, Psychiatre phénoménologue, qui a été médecin-directeur d’un IME pendant plus de 15 ans au cours desquels il a développé une pratique et une théorie originales du packing auprès d’enfants autistes, raconte :.


"Interdiction de... parler du packing
Il est interdit de pratiquer le packing pour soigner les troubles autistiques de l’enfant. On le savait. Il faut savoir aussi qu’il est maintenant interdit d’en parler, d’y réfléchir à haute voix, de se réunir pour en débattre.
Le sujet est tabou, l’affaire est classée, on pourra bientôt envisager de brûler les livres.
Je devais m’entretenir lors d’une intervention auprès de philosophes, de psychologues et de psychiatres au sujet de mon expérience de cette pratique et de l’évolution de la théorie pouvant rendre compte de ses effets. Le rapport avec le Holding Winnicotien  était au centre du sujet. Il n’était pas question de bonimenter pour le « packing ». On souhaitait réfléchir au sujet du développement du Moi et de la façon de concevoir le rapport entre le Corps et la conscience de Soi en prenant en compte les modifications heureuses que nous avions obtenues avant que la pratique des enveloppements ne soit finalement interdite et donc abandonnée.
Cet exposé devait avoir lieu dans un cadre universitaire tout à fait ordinaire et la réunion n’était en aucune manière « secrète »…
Or, elle est interdite. Le vice président d’un certain Comité de Surveillance pour le Droit des Autistes en a obtenu l’annulation sur simple demande, assortie évidemment de menaces précises qui auraient pu peser très lourd sur le budget de l’université qui m’accueillait.
Tout ça bien sûr au nom du respect de la personne humaine et de l’Europe et de la science et des autistes.
Il faut donc se rendre à l’évidence que toute réunion publique concernant l’autisme et le packing peut avoir de graves conséquences pour ceux qui en assumeraient l’organisation.
Ces réunions doivent rester confinées au cadre privé ou bien se tenir secrètement.
Ne pas pouvoir parler de ce qui est interdit, voilà qui est une petite nouveauté. Il faut supposer qu’une réunion à propos de l’usage du hachish, ou à propos de l’euthanasie, ou des mères porteuses, ou de la prostitution, etc… toutes ces choses interdites ne devraient plus être évoquées de crainte qu’elles ne fassent « propagande ». Merci à tous ces surveillants de la pensée, vraiment zélés…
 Juste pour donner le ton, voici un court extrait de l’avis reçu par les autorités universitaires
 « NOUS VOUS DEMANDONS DONC PAR LA PRESENTE DE BIEN VOULOIR ANNULER CETTE ACTION DE FORMATION. A défaut, nous communiquerons sur le fait que l’Université XXX contrevient officiellement aux recommandations  de la HAS. Nous ferons part de notre émotion auprès de la ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche et nous exigerons la liste et les montants des financements ayant permis l’organisation de ce séminaire, si besoin devant un recours devant la CADA. »
 Précision importante : devant de telles menaces susceptibles d’affaiblir le fonctionnement d’un service universitaire, devant l’appel à manifester physiquement pour empêcher cette rencontre, à la place des responsables de l’université, j’aurais pris la même décision. J’aurais annulé.
Le problème est bien là, c’est qu’il devient facile d’interdire une pensée dès lors qu’elle devient un peu « trop dure à comprendre ». »


Ce premier Café-Psycho de l’année 2013, sera l’occasion pour nous d’aborder aux moins deux propositions pour essayer d’y voir un peu plus clair et à partir desquelles nous essayerons de faire débat :

1)    Les recommandations de la HAS ont sapé toute possibilité de débat en ce qui concerne le soin de l’autisme, ne provoquant que stupeur dans les lieux de soin et prétexte à un écrasement de toute réflexion psychopathologique ; elle contrevient ainsi à sa mission initialement annoncée qui était de « renforcer la qualité en santé, afin d’assurer à tous les patients et usagers un accès pérenne et équitable à des soins aussi efficaces, sûrs et efficients que possible ».
2)    Interroger la notion même d’autisme dans toute sa spécificité. Et c’est à cette démarche que Alain Gillis souhaite nous inviter à prendre part.